Carnet de Chantier Confiné 6 – Vidéo chantier n°1 SCE et préfabrication bois-paille
Visioconférence confinée du 21 avril 2020, 11h00
Une visioconférence présentée par l’équipe de La Petite Fabrique accompagnée de Simon Deom, Frédéric Rojas et Thomas Dollet (bureau d’étude interne) de SCE/Chênelet™, François Brillard du bureau de contrôle Alpes Contrôles, ainsi que Luc Floissac de Eco-Etudes™
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A retrouver ici en accès libre, les documents présentés lors de la visioconférence :
QUESTIONS/RÉPONSES avec Simon Deom et Thomas Dollet du Chenelêt ™, François Brillard de Alpes Contrôles ™ et Luc Floissac de Eco-Etude ™
Est-ce que vous avez des garanties décennales pour ce type de construction ?
Absolument, c’est un prérequis obligatoire. Nous sommes assurés chez un assureur classique du bâtiment.
Est-ce qu’on a des avis techniques du CSTB ?
François Brillard : Pas sur tous les sujets techniques qu’on a rencontrés sur ce projet. En fait, la partie avis technique ou non-avis technique, cela définit si on est en technique courante ou non-courante. On est en technique courante pour ce qui est couvert par un avis technique. Pour les techniques non courantes, on est couvert par des règles professionnelles comme pour les murs bois remplissage paille. Quand on est en technique non-courante, cela ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit de construire, il faut juste s’assurer que chacun des intervenants est couvert pour cette technique-là. Pour nous, la MAAF assure quel que soit le mode de construction. Mais il faut être vigilant, parfois on peut être assuré mais sous réserve d’un avis technique. Ce qui n’est pas possible pour la paille porteuse par exemple.
Nathalie Chazalette : Avec la démarche de La Petite Fabrique, “Construire Autrement à Paris”, l’objectif n’était pas de repousser les limites de la réglementation, mais au contraire de travailler au maximum avec ce que nous permettaient la réglementation et les règles de construction actuelles.
Luc Floissac : Les avis techniques, les DTU, les règles professionnelles ne sont pas obligatoires. Ce qui est obligatoire c’est d’être assuré et d’être conforme à la réglementation. Concernant les règles professionnelles, si elles sont approuvées par la Commission Prévention Produit (C2P) – ce qui est le cas pour la construction en paille – elles sont en technique courante. Et les avis techniques qui sont sur la liste verte de la C2P sont aussi en technique courante. Donc il n’y a aucune association à faire entre avis technique et facilité ou non facilité d’assurance ; c’est produit par produit et c’est pareil pour les règles professionnelles.
Peut-on faire des bâtiments plus grands avec les mêmes techniques ?
Oui, on pourrait faire des bâtiments de plus grande taille. Notre bâtiment même s’il est petit, fait parti du groupe scolaire qui est un ERP de 2e catégorie. Nous avons choisi volontairement de faire le projet de la même manière (avec le même classement). On a appliqué toutes les règles, notamment de sécurité incendie, pour que ça puisse être reproductible sur des bâtiments plus importants.
Est-ce qu’il y a du R+7 en paille ?
Oui ! Mais pas en ERP. La Petite Fabrique est le 2e bâtiment qui a été fait en paille en ERP. Le premier a été livré l’année dernière (2019), c’est un étage de l’école de la SEMAPA à Vincent-Auriol. Dans notre bâtiment ce qui fait la différence, c’est que la structure et les isolants sont entièrement biosourcés.
Quelle est l’épaisseur d’un mur du bâtiment de la petite fabrique ?
Simon Deom : On est sur 50 cm finis, du bardage jusqu’à l’intérieur, avec 36 cm de paille.
Ce mode constructif est-il valable dans les pays chauds ?
Luc Floissac : Si c’est un pays chaud, ce n’est pas l’isolation qu’on va rechercher. Pour un climat chaud-humide : on favorise la ventilation, la circulation de l’air. Pour un climat chaud-sec : on favorise l’inertie. Les isolants ne sont pas faits pour les climats perpétuellement chauds. Ça va peut-être amortir l’impact du soleil, sur un toit ça peut être efficace. Les isolants biosourcés, souvent plus lourds, ont des déphasages plus intéressants que les laines de roches et autres isolants minéraux. Donc, dans nos climats, c’est une des meilleures solutions pour se préserver du froid et amortir le chaud.
Comment sont les rapports avec le bureau de contrôle?
N. Chazalette : Ils commencent au moment de la consultation des entreprises. On a inséré une petite ligne dans le cahier des charges, “une prestation complémentaire spécifique”, où on indiquait que dans le cadre d’un projet démonstrateur et des objectifs climats, on pourrait avoir recours à des techniques non-courantes (réemploi, économie circulaire), et qu’on demandait donc au bureau de contrôle d’ajouter une ligne pour gérer ce genre de demande. Sur les 12 qui ont répondu, seul 4 ont pris en compte cet élément-là.
François Brillard : Les rapports sur ce projet ont été très bien, car ils étaient bien appréhendés dès le départ. Aujourd’hui, on voit beaucoup de personnes déçues par leur bureau de contrôle. Dès le départ, on a pu cerner le niveau de réflexion nécessaire. On a bien pu appréhender le niveau technique nécessaire. Il faut parler de cela dès le départ ! Trois conditions sont nécessaires pour avoir un succès sur ce type de projet : avoir un contrôleur technique qui a les compétences nécessaires, qui a envie de se poser des questions et sortir de ses habitudes, et qui a les moyens de le faire (donc du temps et des honoraires suffisants).
On a beaucoup échangé et on s’est posé la question : pourquoi on ne peut pas le faire et comment on fait pour y parvenir ? Ce sont des moments de réflexion qui prennent beaucoup de temps pour le bureau de contrôle.
Simon Deom : Quand tout le monde est d’avis qu’il faut respecter les choses, que tout est réfléchi en amont, côté entreprise c’est très relaxant parce qu’on sait qu’on est dans les clous et que le bureau de contrôle il peut passer quand il veut.
Est-ce que l’école est occupée durant les vacances d’été ? Est-ce qu’il y a un système de sas ?
Nathalie Chazalette : Il n’y a pas de sas, mais il y a des espaces tampons qui sont non-chauffés. Au début, ils devaient être en simple vitrage, mais finalement on a dû mettre des doubles vitrages pour des raisons de sécurité. Ces espaces ont été faits pour gérer le froid en hiver et finalement cela permet également de gérer la chaleur en été. On a réalisé un mur en terre crue à l’intérieur, on l’a dimensionné pour gérer l’hygrométrie et le confort d’été. Cela a été assez déterminant dans le calcul. On a pris en compte que le bâtiment serait aussi utilisé tout l’été.
Est-ce que la maquette numérique est faite sur REVIT ?
Thomas Dollet : on travaille sur Cadword, un logiciel suisse, depuis des années et qui est très performant pour la construction bois. C’est Cadword qui nous permet de sortir les carnets de montage et cela a permis d’avoir toutes les étapes ; de l’étude à la préfabrication, pour l’entreprise SCE. Cadword a un format compatible .ifc
Nathalie Chazalette : La Petite Fabrique a fait un mécénat de compétences avec Abvent Archicad pour faire une maquette BIM. Mais cela a pris beaucoup de temps à Abvent pour prendre les fichiers Cadword et faire la maquette BIM complète que voulait La Petite Fabrique.
Il est nécessaire d’avoir un administrateur qui compile tout cela. Chaque logiciel a son langage, et il faut toujours un peu adapter.
Comment sont recrutées les personnes qui travaillent avec vous ?
Simon Deom : On travaille beaucoup avec les bassins d’emploi de Calais et de Saint-Omer. Les personnes qui ont envie de venir travailler, peuvent venir. Elles doivent juste avoir des agréments de Pôle emploi. Souvent ce sont des personnes assez loin de l’emploi. On a plusieurs activités, pour ceux dans le bâtiment, on prend des gens qui ont des projets bâtiment (gros oeuvre, menuiserie, couverture…). On travaille beaucoup sur le savoir-être de nos équipes. Je forme des gens qui pourront ensuite aller dans n’importe quelle entreprise de bâtiment et qui auront compris tout ce qu’attend leur futur patron en savoir-être en entreprise.
Nathalie Chazalette : Le savoir-être sur le chantier était exceptionnel et tout se passe très bien également avec les autres corps d’états et avec les gens de l’extérieur lors des visites.
Combien de temps durent les formations?
Simon Deom : La durée c’est maximum 2 ans, en moyenne c’est 15 mois. En 15 mois, il faut être acteur de son évolution, être dynamique (passer le code, le permis, acheter une voiture…).
Est-ce qu’il y a une qualification à la fin?
Simon Deom : Dans les autres domaines que la construction au Chênelet, il y a des formations qualifiantes niveau CAP (CQP1, CQPI, CQPM…). Sur la partie bâtiment, on est en train de le développer, mais cela coûte cher. On sait faire de la validation d’acquis d’expérience. On s’appuie sur un certain nombre de métiers qui sont déjà très normés sur le référentiel pédagogique. On aimerait développer un module de formations complet sur la rénovation. On devrait pouvoir certifier les compétences pour l’étanchéité à l’air et la thermique.
A partir de quel moment peuvent-ils travailler sur chantier ?
Simon Deom : La formation ne se fait que par le travail, on parle de Formation En Situation de Travail (FEST). Il y a quelques introductions théoriques, mais on préfère mettre les débutants à l’atelier sur les tâches basiques (vérifier les fondamentaux, apprendre à utiliser une visseuse…). On met en place des parcours pour acquérir un socle de compétences pour aller vers une nouvelle étape pour un nouveau socle de compétencess, ainsi on complète leur caisse à outils. Il y a également toute une partie CV, présentation en entretiens… pour qu’ils puissent retrouver du travail ensuite !