Carnet de Chantier Confiné 9 – CoconBIM et Analyse de Cycle de Vie
Visioconférence confinée du 30 avril 2020, 11h00
Une visioconférence présentée par l’équipe de La Petite Fabrique accompagnée de Luc Floissac de Eco-Etudes™ pour présenter l’étude d’Analyse de Cycle de Vie – cas pratique de l’étude comparative conduite sur La Petite Fabrique d’Ivry-Levassor à l’aide du logiciel CoconBIM.
Visioconférence juste ICI ou directement en dessous ⇊
A retrouver ici en accès libre, les documents présentés lors de la visioconférence :
QUESTIONS/RÉPONSES avec Luc Floissac de Eco-Etude ™ et François Brillard de Alpes Contrôles ™
Comment utiliser CoconBIM avec d’autres logiciels 3D, par exemple avec Revit ?
Le logiciel s’appuie sur les standards ifc, qui sont utilisés par la majorité des logiciels 3D du commerce. Ça marche très bien avec Revit.
Le logiciel est-il payant ?
Oui. 700€ la première année et 350€ ensuite. Il y a une solution à 70€/mois.
En interne à la Ville de Paris, nous avons organisé une séquence de formation et nous bénéficions de 15 licences durant une année.
Est-ce qu’il ya une version pour les étudiants ?
Oui, on a un prix éducation, 700€ pour 15 fonctionnements simultanés. Il faut passer par l’université.
Le logiciel CoconBIM demande-t-il à être encore amélioré ?
Il y en a tous les jours. J’ai également lancé un projet qui s’appelle BIMoter, chez des partenaires pour développer un logiciel opensource (avec en plus des calculs d’éclairement, de thermique dynamique, etc).
Est-ce que ce logiciel s’adapte au projet en rénovation?
Oui dans le logiciel, lorsque l’on décrit une paroi on peut décrire les matériaux existants et leur date de fabrication. Plus, ils sont anciens, plus leur impact sera faible jusqu’à atteindre 0. Les projets de rénovations sont toujours plus intéressants que les bâtiments neufs, même pour les bâtiments les plus écologiques. Cette méthode d’évaluation, j’ai dû l’inventer car il n’existe pas de méthode reconnue pour l’ACV en rénovation.
La méthode de saisie est ICI.
Pendant quelle phase du projet l’ACV a-t-elle été réalisée ?
On
avait l’objectif dès le départ de documenter le processus de
construction. On voyait l’ACV comme une aide à la conception. C’est pour
cela que l’on a travaillé sur la partie comparative pour guider nos
choix dès la phase esquisse. Aujourd’hui, l’analyse du cycle de vie est
en train d’être mise à jour avec les éléments qui ont été effectivement
mis en oeuvre dans le bâtiment. On peut aussi comparer simplement un mur
sans avoir toute la maquette numérique. On peut aussi rentrer les
métrés sous excel et les importer.
Y a-t-il un surcoût financier à une construction bas carbone ? De quel ordre ? Si oui, est-ce un frein à la construction bas carbone ?
Sur
notre projet, on a un ERP exigeant (bibliothèque, terrasse en toiture
potagère…). Pour le lot principal, 1800 €/m² de plancher : pour Paris on
est à coût équivalent pour performances équivalentes. Dans le tertiaire
R+1-2-3, il faut 1600€/m² pour avoir quelque chose de qualité. Le lot
principal est réalisé par SCE-Le Chênelet : structure bois, isolation,
menuiseries intérieures-extérieures, cloisonnements, sols, plafonds,
revêtements intérieur-extérieur, coursives, protection solaire. Le
Chênelet a une foncière de logements sociaux, ils restent dans les prix
du logement social classique et gagnent sur les charges par la suite.
Quand
on parle de prix, il faut savoir ce que l’on compare. Pour information,
le prix le plus bas en France pour une maison individuelle c’est
900€/m² HT. Mais on a quelque chose de basse qualité (sonore,
thermique…). En revanche, si on est sur le prix médian de 1200-1300€/m²
HT en maisons individuelles hors Paris, on peut avoir des solutions
biosourcées de qualité avec des performances supérieures. Donc pour les
prix les plus bas, on n’a pas de solution en biosourcé.
Au vu de la réglementation E+C- 2020, est-ce qu’il y aurait des subventions si les bâtiments sont classés au niveau supérieur C2 ?
Peut-être
plus au niveau des régions, elles ont des techniques plus ou moins
volontaristes pour valoriser ce genre de projet. Nous sur une opération
de bureau tertiaire biosourcée à énergie positive, on a eu 300€/m² de
plancher et on ne le savait pas au départ, ça été voté après.
En
région Ile-de-France, il y a le “Réflexe bois-biosourcé”. C’est un
appel à projet pour encourager les maîtres d’ouvrage à utiliser des
techniques d’éco-construction. Et on a eu une subvention de la région
pour subventionner des études pour le bâtiment, notamment pour l’Analyse
de Cycle de Vie.
“Booster Bois
Biosourcé” en IDF en est une autre similaire. Elle intervient avec
l’interprofession Francilbois avec le chanvre, la paille, le bois…
Cela va dans la continuité de l’aide au bois/biosourcé.
Par rapport à la réglementation incendie, comment cela se passe-t-il pour la rénovation en bois/biosourcé ?
La
circulaire de 1982 parle de la rénovation d’habitation, qui dit qu’on
ne doit pas aggraver les risques incendie. Notamment le risque de
propagation par les façades. S’il y a un incendie mortel ou avec
dommage, on aura du mal à argumenter que l’on n’a pas aggravé le risque
au-devant des avocats. On peut le faire, mais il faut être très
vigilant.
Cependant, il y a 1200 à
1300 morts/an dans les incendies ou dans les jours qui suivent. Mais
cela n’est pas dans des bâtiments biosourcés, c’est dans des bâtiments
conventionnels. C’est plutôt les équipements et ameublements qui posent
souvent problème.
Quels conseils alors ?
En
rénovation, on peut faire des tests LEPIR. C’est compliqué d’imaginer
faire un test à l’échelle d’un projet, car c’est assez onéreux. Il
faudrait faire des tests de filière et ça c’est en cours, la filière
paille et bois le font. Mais en appliquant le Guide de propagation des façades bois, on a des possibilités, il faut être tout à fait nickel.
C’est
contre intuitif, mais les isolants combustibles denses ont un meilleur
comportement au feu que des isolants non-combustibles légers. Par
exemple, la laine de verre va se sublimer, disparaître, et rendre la
structure vulnérable au feu. Alors que la fibre de bois, elle va se
consumer mais lentement et laisser plus de temps à l’intervention, tout
en préservant la structure. L’objectif réglementaire est de sauver les
gens, les pompiers, et pas les biens. On a tendance à penser que les
bâtiments béton sont plus protecteurs que des bâtiments en bois, mais
c’est faux. Une structure béton souffre aussi beaucoup dans un incendie
et c’est difficile lorsqu’il faut rénover et estimer la solidité du
bâtiment. Une structure en métal va également souffrir.
On avait d’ailleurs trouvé un exemple de rénovation d’une caserne de pompier réalisé en caisson bois et paille!